Royaume-Uni

Synthèse énergétique et impact sur le climat

Le Royaume-Uni a conduit dans le premier quart du XXIème siècle une révolution énergétique majeure. Premier pays à avoir fait la révolution industrielle basée sur le charbon à partir de 1750 mais surtout au XIXème siècle, la Grande-Bretagne est aussi un des premiers pays à avoir éliminé le charbon de son mix électrique en septembre 2024 et quasi éliminé de son mix énergétique (2,4% de l’énergie primaire en 2024 contre 17% en 2001 . . . et 48% en 1970). Et le Royaume-Uni a aussi réduit depuis 2000 la part du gaz dont il reste et restera producteur tout comme il reste et restera producteur de pétrole.  

Cette réduction a été rendue possible par un développement rapide des nouveaux renouvelables et en particulier l’éolien terrestre et maritime. C’est ainsi que les nouveaux renouvelables ont représenté 49% de la production d’électricité en 2024. Dans le même temps la part du nucléaire a reculé (14% de la production d’électricité en 2024 contre 23,4% en 2001) même si le pays ambitionne de le redévelopper avec les centrales d’Hinkley Point C (à l’horizon 2030) et de Sizewell C (après 2035).


15 graphiques commentés pour comprendre le système énergétique britannique, son évolution et son impact sur le climat et positionner le pays par rapport au Monde et à l’Europe (UE+UK). 

Avec l’identité de Kaya pour guide.

Cela fait beaucoup de graphiques mais c’est nécessaire pour obtenir une vue complète de l’énergie, de sa transition et de son impact sur le climat et pour comprendre les interactions et les leviers d’action pour la transition énergétique. 

Il ne faut pas hésiter à sélectionner les plus pertinents pour votre bonne compréhension selon l’attention portée à l’énergie en général, à l’électricité ou au CO2. N’hésitez pas à décharger la version PDF pour avoir une vision globale et choisir ensuite les graphiques qui vous seront les plus utiles.


ÉCONOMIE

PIB par habitant

Constats-clés

  • le PIB par habitant a été multiplié par 2,4 en 50 ans
  • le PIB britannique par habitant était 3,7 fois plus élevé que la moyenne mondiale en 1970 et ce rapport est resté au même niveau à en 2024
  • l’écart par rapport à l’UE+UK s’est réduit (+14% en 2024 contre +24% en 1970)
  • le PIB français par habitant était égal au niveau britannique en 1970. Il est aujourd’hui inférieur de 4%
  • la démographie britannique a été assez dynamique : la population britannique a augmenté de 24,4% de 1970 à 2024 contre 17,5% pour l’UE+UK et 31,7% pour la France.


ÉNERGIE

Consommation d’énergie primaire

Constats-clés

  • la consommation totale d’énergie primaire britannique a baissé régulièrement depuis 2007 (en 2024 moins 23% depuis 1990 année de référence du Protocole de Kyoto)
  • la quasi disparition du charbon, la montée rapide en importance des nouveaux renouvelables mais aussi le recul du gaz caractérisent l’évolution récente (depuis 2015) 
  • le Royaume-Uni poursuit l’exploitation de ses réserves fossiles et octroie (quelle que soit l’orientation politique du gouvernement) de nouveaux permis pétroliers. La production est certes en baisse mais le Royaume-Uni reste le  2èmeproducteur de pétrole et de gaz en Europe après la Norvège. 


Intensité énergétique du PIB

Constats-clés

  • avec 53 tep (tonnes-équivalent-pétrole) par million de US$2020 l’intensité énergétique du PIB britannique est, en 2024, inférieure de 65% à l’intensité mondiale
  • elle est inférieure de 29% à celle de l’UE+UK
  • de 1990 à 2024 elle a diminué de 58% plus de 1,8 fois plus vite qu’au niveau mondial (la baisse mondiale n’est que de 31%)
  • en 2024  elle est inférieure de 27% à celle de la France et de 42% à celle de la Belgique
  • les politiques publiques britanniques ont fait de l’efficacité énergétique un axe majeur
  • la désindustrialisation et la forte tertiarisation de l’économie britannique sont déterminants dans la performance énergétique relative du Royaume-Uni mais aussi les politiques continues de soutien à l’efficacité dans le résidentiel et les services.


Mix énergétique

Constats-clés

  • le mix énergétique du Royaume-Uni a évolué considérablement de 2001 à 2024
  • la part des énergies fossiles est descendue de 87% à 74%, le recul portant essentiellement sur le charbon qui a quasi disparu du système énergétique mais aussi sur le gaz
  • la progression des énergies décarbonées est exclusivement le fait des nouveaux renouvelables (21% du total en 2024 contre à peine 1% en 2001 et 4% en 2011)
  • la part du nucléaire a décru de 9,4% en 2001 à 5,2% en 2024
  • l’objectif du « White Paper on Energy » de 2007 qui fixait un objectif de 20% d’énergie primaire renouvelable en 2020 a été atteint  en 2023
  • l’objectif annoncé est d’atteindre 40% de renouvelables en 2030 en s’appuyant fortement sur la transition dans la production d’électricité et sur l’électrification du transport et du chauffage. 


Mix énergétique comparé

Positionnons le mix énergétique du Royaume-Uni par rapport au Monde et à l’Europe (UE+UK).

Constats-clés

  • une proportion élevée de nouveaux renouvelables mais pas d’hydro-électricité (géographie)
  • la quasi disparition du charbon 
  • le poids du gaz reste élevé en 2024 : le pays est producteur même si le volume produit a été divisé par 3 depuis 2000
  • une proportion de gaz supérieure aux niveaux mondial et européen
  • les nouveaux renouvelables sont plus présents que dans la moyenne UE+UK
  • le nucléaire est moins présent que dans la moyenne UE+UK
  • un taux de fossiles supérieur à l’UE+UK (74% contre 67,4%) (pas d’hydro-électricité et moins de nucléaire).


Consommation d’énergie finale par secteur

Données pour 2022 (dernière année publiée par l’AIE)

Constats-clés

  • la consommation finale totale est de 1,7 tep par habitant en 2020 contre 2,0 en Europe, 2,1 en France et 1,26 dans le Monde
  • le Royaume-Uni se situe au-dessous de la moyenne Europe dans tous les secteurs
  • c’est particulièrement le cas dans l’industrie ce qui reflète son faible poids dans l’économie du pays
  • l’écart avec l’Europe dans l’industrie s’est accru depuis 2000 (désindustrialisation)
  • en 2000 la consommation finale par habitant dans le résidentiel était supérieure de 23% à la moyenne européenne. En 2024 elle est devenue inférieure de 4% à la moyenne européenne
  • dans le secteur du transport, l’évolution est semblable : consommation supérieure de 12% à la moyenne européenne en 2000 et inférieure de 4% en 2022.


Consommation d’énergie primaire par habitant

Constats-clés

  • diminution régulière depuis 2005 pour descendre à 2,4 tep/habitant en 2024
  • en 2024 le niveau est inférieur de 18,5% à la moyenne européenne et inférieur de 24% à la France.


ÉLECTRICITÉ

Taux d’électrification

Données de 1971 à 2022 (dernière année publiée par l’AIE)

Constats-clés

  • le taux d’électrification était relativement élevé en 1970 et jusqu’à 1990
  • le taux d’électrification de l’énergie finale ne progresse plus au Royaume-Uni depuis 2010
  • l’impact de l’abondance de gaz (produit nationalement) a particulièrement joué dans le secteur résidentiel mais aussi dans l’industrie
  • l’électrification se situe en 2022 au niveau de la moyenne mondiale et de la moyenne UE+UK
  • mais elle se situe 4,6% en dessous du taux français qui est parmi les plus élevés
  • ce faible taux constitue un handicap dans l’accélération de la transition énergétique.


Mix électrique

Constats-clés

  • l’évolution du mix électrique est spectaculaire
  • l’objectif du « Low Carbon Transition Plan » qui fixait en 2009 un objectif de 30% de renouvelables pour l’électricité en 2020 a été largement dépassé
  • l’élimination du charbon a été très rapide de 2011 à 2024 (arrêt complet de la dernière centrale en septembre 2024)
  • la part du nucléaire a reculé régulièrement, les centrales les plus anciennes étant mises hors service et le nouveau nucléaire progressant lentement (chantier d’Hinkley Point C, projet de Sizewell C)
  • l’objectif annoncé en 2022 est d’atteindre en 2030 95% d’électricité décarbonée dont 85% d’électricité renouvelable. Au rythme de l’évolution des dernières années l’objectif paraît atteignable.


Mix électrique comparé

Constats-clés

  • une proportion élevée de nouveaux renouvelables par rapport à l’Europe (UE+UK) et au Monde
  • une proportion de nucléaire supérieure à la moyenne mondiale mais inférieure au niveau européen (UE+UK)
  • les sources décarbonées représentent en 2024 65% du total, plus que la moyenne mondiale (40,5%) mais moins que la moyenne de l’Europe (70%)
  • de 2022 à 2024 la progression est spectaculaire : de 56% à 65% d’électricité décarbonée au Royaume-Uni et de 60% à 70% en Europe (Union Européenne et Royaume-Uni) !


CLIMAT

Intensité en CO2 de l’électricité

Constats-clés

  • la décarbonation est sensible depuis 2012 : les émissions par kWh sont passées du niveau mondial à un niveau inférieur à la moyenne européenne (moins 60% en 12 ans !)
  • la substitution du charbon par les nouveaux renouvelables est le moteur de cette évolution
  • la légère remontée en 2021 était due à l’augmentation de consommation post-Covid mais aucune augmentation de production à partir charbon malgré la réouverture très médiatique et très temporaire de 4 centrales à charbon.


Intensité en CO2 de l’énergie

Constats clés

  • jusqu’en 1990 l’intensité carbone de l’énergie primaire britannique était au niveau mondial
  • depuis 1990 la baisse est régulière avec une accélération à partir de 2010 avec la sortie quasi-complète du charbon
  • depuis 2015 le niveau est égal à la moyenne de l’Europe (UE+UK).


Intensité en CO2 du PIB

Constats-clés

  • l’intensité en CO2 du PIB britannique se situe sous le niveau européen
  • depuis 1980 une amélioration continue de 3,4% à 3,7% par an est observée
  • divisée par près de 6,6 en 54 ans et par 2,7 dans les 24 dernières années elle est en 2024 inférieure de 75% à la moyenne mondiale, de 29% à la moyenne de l’Europe (UE+UK)
  • elle est aussi en 2024 6,7 fois moins élevée que celle de la Chine et moins de la moitié celle des USA
  • malgré la faible part de nucléaire elle est à peine supérieure au niveau de la France
  • le constat doit cependant être nuancé au vu des importations importantes de CO2 (voir section émissions, importations et consommation de CO2). 


Emissions, importations et consommation de CO2

Constats-clés

  • les émissions britanniques de CO2 d’origine énergétique ont été divisées par 2 de 1990 à 2024 (de 602 MTCO2 à 301 MTCO2)
  • le « Low Carbon Transition Plan » fixait en 2009 un objectif de réduction des émissions de CO2 de 34% en 2020 par rapport à 1990. L’objectif est donc dépassé
  • les importations nettes (dans les biens importés et exportés) ont cependant explosé de 1995 à 2007 : multiplication par 2,5 pour atteindre 193 MTCO2 soit 34% des émissions nationales
  • en conséquence la consommation n’a baissé dans l’absolu que de 229 MTCO2 de 1990 à 2024 (-34% soit l’objectif du « Low Carbon Transition Plan » pour les émissions) 
  • dans le cadre du Protocole de Kyoto le Royaume-Uni s’était engagée à baisser en 2008-2012 ses émissions de GES d’origine énergétique de 12,5% par rapport à 1990. Si l’on intègre les émissions de tous les GES l’objectif a été pratiquement atteint (-12% en moyenne de 2008 à 2012)
  • le Royaume-Uni illustre cependant les limites des engagements basés sur les émissions et non sur la consommation intégrant les importations. En effet la consommation de GES d’origine énergétique n’a diminué que de 2% par an sur la période 2008-2012 par rapport à 1990.


Emissions de CO2 par habitant

Uniquement le COd’origine énergétique (les autres gaz à effet de serre et le CO2 non énergétique ne sont pas repris)

Constats-clés

  • le Royaume-Uni était un gros émetteur historique de CO2 par habitant jusqu’au début des années 2000
  • de 2001 à 2024 la baisse est spectaculaire : moins 56%
  • l’indicateur s’établit en 2024 à un niveau inférieur de 18,6% à la moyenne de l’UE+UK et de 7,7% à la moyenne mondiale
  • toutefois le niveau de consommation de CO2 est de 6,4 TCO2/habitant/an en 2024, supérieur de 35% à la moyenne mondiale mais inférieur de 6% à la moyenne de l’Europe (UE+UK).


Que retenir ?

  1. le système énergétique du Royaume-Uni s’est fortement décarboné depuis 2000 sous l’effet de la désindustrialisation et d’une politique de transformation énergétique cohérente
  2. l’amélioration de l’efficacité énergétique (résidentiel, transport) est un axe clé de la transformation énergétique 
  3. la sortie complète du charbon du mix électrique (septembre 2024) est un deuxième axe clé
  4. cette sortie a été rendue possible par un développement très rapide des nouveaux renouvelables dans la production d’électricité
  5. la part du nucléaire dans les mix électrique et énergétique diminue régulièrement, les nouveaux projets tardant à remplacer les centrales mises hors service
  6. toutefois la très large ouverture commerciale du Royaume-Uni a accru considérablement les importations de CO2
  7. la performance du Royaume-Uni, mesurée à l’aune de la consommation de CO2 (émissions ET importations), est beaucoup moins spectaculaire
  8. simultanément le Royaume-Uni poursuit l’exploitation de ses réserves fossiles en continuant à octroyer de nouveaux permis pétroliers
  9. le Royaume-Uni a largement respecté les engagements pris dans le cadre du  Protocole de Kyoto en terme d’émissions. Cependant la performance en terme de consommation nuance ce constat positif
  10. les objectifs de transition pour 2030 et 2035 sont fort ambitieux en particulier pour le secteur électrique (95% de décarbonés et 80% de nouveaux renouvelables pour la production d’électricité en 2030).

© Michel Allé
Novembre 2025 (première édition décembre 2023)