L’énergie et l’économie n’ont pas toujours été carbonées
La révolution industrielle et l’énergie fossile
L’activité humaine ne repose sur les énergies fossiles que depuis la révolution industrielle. Le charbon, première énergie fossile utilisée historiquement, a été le levier majeur de cette révolution apportant en abondance grâce à la machine à vapeur (ou machine de Watt) l’énergie mécanique permettant de développer à un coût considérablement diminué le transport (chemin de fer) et la mécanisation en commençant par l’industrie textile. C’est ainsi que le chemin de fer a divisé le coût du transport par plus de dix par rapport à la diligence et, simultanément, à multiplié les volumes de transport de personnes et de marchandises par un facteur supérieur à dix. La géographie économique s’en est trouvée considérablement modifiée et une première globalisation, à l’échelle européenne et à l’échelle américaine s’en sont suivies.
L’intensité énergétique du PIB à très long terme
Il est donc intéressant d’examiner l’évolution de très long terme de l’intensité énergétique et de l’intensité carbone du PIB en se basant sur les travaux de Vaclac Smil et de Maddisson décrits dans l’onglet consacré aux sources de données.
Le premier graphique présente l’évolution de l’intensité énergétique du PIB (hors bois de chauffage ou biomasse traditionnelle).
On ne sera pas surpris de voir l’intensité énergétique du PIB monter très rapidement tout au long du XIXème siècle pour atteindre un maximum après la première guerre mondiale. Pendant un siècle l’économie s’est développée en s’appuyant sur le charbon. On pourrait affirmer qu’elle s’est « fossilisée ».
A partir de 1920 l’intensité énergétique va plafonner : les rendements énergétiques progressent sous l’effet du progrès technologique et de la montée en importance du pétrole, plus efficace que le charbon. C’est l’apogée du monde occidental.
Enfin, à partir de 1980, après les deux chocs pétroliers, l’intensité énergétique mondiale va commencer à diminuer sous le double effet de la tertiarisation et du progrès de l’efficience énergétique.
L’intensité en CO2 du PIB dans la très longue durée
L’évolution observée est très semblable.
Quelques différences sensibles sont cependant à noter.
L’intensité carbone commence à diminuer dès la première moitié du XXème siècle sous l’effet de la modification du mix fossile : le pétrole, moins émetteur de CO2 que le charbon par unité d’énergie finale, monte en puissance progressivement. En 1960 l’intensité en CO2 du PIB est inférieure de 20% à 1920.
Globalement la baisse de l’intensité carbone est nettement plus importante que celle de l’intensité énergétique. En 2020 elle est de 60% inférieure à celle de 1920 pour le carbone et de 40% inférieure pour l’énergie. Modification du mix fossile et montée du nucléaire puis des nouveaux renouvelables sont passés par là.
© Michel Allé
Décembre 2023