Synthèse énergétique et impact sur le climat
15 graphiques commentés pour comprendre le système énergétique allemand, son évolution et son impact sur le climat et positionner le pays par rapport au Monde et à l’Europe (UE+UK).
Avec l’identité de Kaya pour guide.
Cela fait beaucoup de graphiques. Il ne faut pas hésiter à sélectionner les plus pertinents pour votre bonne compréhension selon l’attention portée à l’énergie en général, à l’électricité ou au CO2. N’hésitez pas à décharger la version PDF pour avoir une vision globale et ensuite choisir les graphiques qui vous seront les plus utiles.
ABC
ÉCONOMIE
PIB par habitant
Constats-clés :
- le PIB par habitant a été multiplié par 2,4 en 50 ans
- l’écart par rapport au PIB mondial par habitant est inchangé depuis 50 ans (4 fois plus élevé)
- l’écart par rapport à l’UE+UK s’est légèrement réduit (+26% en 2022 contre +32% en 1970)
- le PIB français par habitant était égal au PIB allemand par habitant à la fin des années 1970. Il est aujourd’hui inférieur de 12%
- à noter que la démographie allemande a été peu dynamique : la population allemande a augmenté de 7,5% depuis 1970 contre 23% pour l’UE+UK et 31% pour la France !
ABC
ÉNERGIE
Consommation d’énergie primaire
Constats-clés
- la consommation totale d’énergie primaire allemande a baissé régulièrement depuis 2007 (en 2022 -18,5% depuis 1990 année de référence du Protocole de Kyoto)
- la consommation d’énergie fossile a baissé depuis 1990 (en 2022 -30% depuis 1990)
- passé le choc de 2020 et la remontée de 2021 ces baisses se sont poursuivies en 2022
Intensité énergétique du PIB
Constats-clés
- avec 72 Tep (tonnes-équivalent-pétrole) par million de US$2020 l’intensité énergétique du PIB allemand est en 2022 la moitié de l’intensité mondiale
- elle est inférieure de 8% à celle de l’UE+UK
- de 1990 à 2022 elle a diminué de 47% plus de 1,5 fois plus vite qu’au niveau mondial (baisse de 30%)
- en 2022 elle est du même ordre de grandeur que celle de la France et inférieure de 18% à celle des Pays-Bas et de 29% à celle de la Belgique
- la transition énergétique (« Energiewende ») a fait de l’efficacité énergétique un axe majeur
- l’effort est partiellement couronné de succès : la baisse de l’intensité reste supérieure au rythme mondial mais ne s’est pas accélérée par rapport à la décennie précédente
- le transport est le secteur où le moins de progrès est enregistré.
Mix énergétique
Constats-clés
- le mix énergétique allemand a évolué de 2001 à 2022 sans que cela soit spectaculaire
- la part des énergies fossiles est descendue de 85% à 76%, le recul portant sur les plus carbonés : le charbon et le pétrole
- la progression des énergies décarbonées est exclusivement le fait des nouveaux renouvelables (20% du total en 2022 contre à peine 1% en 2001 et 9% en 2011)
- la sortie du nucléaire a ramené sa part de 12% en 2001 à 2,5% en 2022
- l’objectif est d’atteindre une part de 40% de renouvelables en 2030 en s’appuyant fortement sur la transition dans la production d’électricité. Cet objectif implique de doubler dès 2023 la croissance annuelle des nouveaux renouvelables.
Mix énergétique comparé
Positionnons le mix énergétique de l’Allemagne par rapport au Monde et à l’Europe (UE+UK).
Constats-clés
- une proportion élevée de nouveaux renouvelables mais une très faible part (historique) d’hydro-électricité
- moins de charbon que dans le Monde mais plus qu’en Europe
- un peu plus de pétrole que dans le Monde et un peu moins qu’en Europe
- une proportion de gaz semblable aux niveau mondial et européen
- le nucléaire réduit à la portion congrue
Consommation d’énergie finale par secteur
Données pour 2020 (dernière année publiée par l’AIE)
Constats-clés
- la consommation finale totale est de 2,6 Tep par habitant contre 2,1 en Europe, 2,0 en France et 1,2 dans le Monde
- l’Allemagne se situe au-dessus de la moyenne Europe et de la France dans tous les secteurs
- c’est particulièrement le cas dans l’industrie ce qui reflète son poids dans l’économie du pays
- l’écart avec l’Europe dans l’industrie s’est créé depuis 2000 (désindustrialisation dans de nombreux autres pays)
- par contre l’écart se réduit dans les transports et le résidentiel. Dans le résidentiel l’impact de l’Energiewende est tangible
Consommation d’énergie primaire par habitant
Constats-clés
- stabilité dans le long terme autour de 4 Tep par habitant par an avec une baisse entamée en 2019
- en 2022 niveau plus élevé que la moyenne UE+UK (+15%) et que la France (+18%)
- l’essentiel de cet écart s’explique par le poids de l’industrie (lourde) dans la structure économique allemande et, dans une moindre mesure, par la consommation élevée du secteur résidentiel
ABC
ÉLECTRICITÉ
Taux d’électrification
Données de 1971 à 2020 (dernière année publiée par l’AIE)
Constats-clés
- le taux d’électrification de l’énergie finale n’a plus progressé en Allemagne depuis 2008
- il se situe en 2020 en dessous de la moyenne mondiale et de la moyenne UE+UK
- il se situe en 2020 plus de 6% en dessous du taux français
- ce faible taux constitue un handicap dans l’accélération de la transition énergétique
Mix électrique
Constats-clés
- l’évolution du mix électrique est plus spectaculaire (conforme aux objectifs de l’Energiewende)
- elle est marquée par la sortie du nucléaire (29% en 2001, 6% en 2022, moins d’1,5% en 2023)
- ET, simultanément, le recul du charbon (50% en 2001, 31% en 2022)
- cette évolution a été rendue possible par la percée des nouveaux renouvelables qui sont passés en deux décennies de 2,7% (16 TWh) à 41% (237 TWh). L’éolien terrestre (17% en 2022) et le solaire PV (11%) en sont les moteurs principaux
- l’objectif est d’atteindre en 2030 80% d’électricité renouvelable, hydro-électricité comprise, et d’éliminer le charbon (8 ans plus tôt qu’initialement prévu)
- cet objectif est très ambitieux : il implique de porter en 2030 la capacité photovoltaïque à 200 GW (soit un triplement par rapport à 2022) et la capacité éolienne en mer à 30 GW (8,3 GW mi-2023).
Mix électrique comparé
Constats-clés
- une proportion élevée de nouveaux renouvelables ET de charbon
- les sources décarbonées représentent 50% du total, plus que la moyenne mondiale (38,5%) mais moins que la moyenne UE+UK (60%)
ABC
CLIMAT
Intensité en CO2 de l’électricité
Constats-clés
- l’amélioration est sensible depuis 2015
- les conséquences de la guerre en Ukraine (moins de gaz et plus de charbon ) se font sentir en 2022 : les émissions par kWh sont supérieures de près de 8% à 2019 (395 gCO2/kWh en 2022 contre 370 gCO2/kWh en 2019)
- les conséquences de la décision de 2011 de sortie du nucléaire sont à retrouver dans l’article « Si l’Allemagne avait prolongé son nucléaire »
Intensité en CO2 de l’énergie
Constats clés
- jusqu’en 2000 l’intensité carbone de l’énergie primaire allemande était supérieure à la moyenne mondiale
- les causes en étaient une proportion élevée de charbon, de lignite et de pétrole, la très faible présence de l’hydro-électricité et une part relativement faible du nucléaire dans la production d’électricité
- dès 2000 cependant l’intensité carbone de l’énergie est passée sous la moyenne mondiale tout en restant supérieure à celle de l’UE+UK (+14% en 2022)
- le progrès a été considérable depuis 2012 sous l’effet du recul du charbon et de la montée en puissance des nouveaux renouvelables : dans la période 2011-2022 l’intensité carbone de l’énergie a diminué de 1% par an contre 0,3% par an de 2001 à 2011
- 2022 a été marqué par une remontée de l’intensité carbone : la guerre en Ukraine a conduit à se détourner du gaz russe dans l’industrie et la production d’électricité où le charbon a retrouvé le niveau de 2019. Quant à l’accroissement de la production des nouveaux renouvelables (+23 TWh) elle n’a pas compensé le recul du nucléaire (- 34 TWh).
Intensité en CO2 du PIB
Constats-clés
- l’intensité en CO2 du PIB allemand se situe depuis la réunification au niveau de l’UE+UK
- depuis 1980 une amélioration continue de 2,6% à 3,0% par an est observée
- divisée par 4 en 50 ans et par 2 en 25 ans elle est en 2022 inférieure de 59% à la moyenne mondiale, 4 fois moins élevée que celle de la Chine et inférieure de 26% à celle des USA
- elle reste cependant supérieure de 58% à celle de la France
- mais elle fait quasi jeu égal avec la Belgique
- on remarquera que l’intensité en CO2 du PIB est en Chine, en 2022, au niveau qui était celui de l’Allemagne en 1970 !
Emissions de CO2 par habitant
Constats-clés
- l’Allemagne est un gros émetteur historique de CO2 par habitant malgré une baisse de 20% depuis 2011.
- l’indicateur s’établit à un niveau supérieur de 31% à la moyenne de l’UE+UK
- ceci s’explique par le niveau élevé du PIB par habitant et un mix énergétique qui reste fortement carboné bien que la performance en terme d’intensité énergétique du PIB se situe dans la moyenne de l’UE+UK
- les émissions par habitant sont en 2022 supérieures 3,5 TCO2 (+79%) par habitant à celles de la France qui a décarboné fortement son énergie dans les années 1980 grâce à son programme nucléaire. Si le mix électrique allemand était semblable au mix français l’impact serait de l’ordre de 2,3 TCO2/habitant par an
- le poids fort de l’industrie en Allemagne et faible en France (37% de l’industrie allemande en 2022) représente l’essentiel du solde. Il est de l’ordre de 1,3 TCO2/habitant par an.
Emissions, Consommation et importations de CO2
Constats-clés
- les émissions de CO2 d’origine énergétique ont baissé dans l’absolu de 386 MTCO2 de 1990 à 2022 -37%)
- les importations nettes (dans les biens importés et exportés) sont stables de 1990 à 2022 après avoir connu une hausse tendancielle de 2000 à 2010 (mondialisation)
- la consommation a baissé dans l’absolu de 390 MTCO2 de 1990 à 2022 (-33%)
- dans le cadre du Protocole de Kyoto l’Allemagne s’était engagée à baisser en 2008-2012 ses émissions de GES d’origine énergétique de 21% par rapport à 1990. Si l’on intègre tous les GES l’objectif a été pratiquement atteint (-20,3% en moyenne de 2008 à 2012)
Emissions de CO2 par habitant
Uniquement le CO2 d’origine énergétique (les autres gaz à effet de serre et le CO2 non énergétique ne sont pas repris)
Constats-clés
- l’Allemagne est un gros émetteur historique de CO2 par habitant malgré une baisse de 20% depuis 2011.
- l’indicateur s’établit à un niveau supérieur de 31% à la moyenne de l’UE+UK
- ceci s’explique par le niveau élevé du PIB par habitant et un mix énergétique qui reste fortement carboné bien que la performance en terme d’intensité énergétique du PIB se situe dans la moyenne de l’UE+UK
- les émissions par habitant sont en 2022 supérieures de 3,5 TCO2 (+79%) par habitant à celles de la France qui a décarboné fortement son énergie dans les années 1980 grâce à son programme nucléaire. Si le mix électrique allemand était semblable au mix français l’amélioration serait de l’ordre de 2,3 TCO2/habitant par an
- le poids fort de l’industrie en Allemagne et faible en France (37% de l’industrie allemande en 2022) représente plus que le solde de l’écart. Il est de l’ordre de 1,3 TCO2/habitant par an.
ABC
Que retenir ?
- le système énergétique de l’Allemagne est historiquement fortement carboné (poids de l’industrie lourde s’appuyant sur le charbon et la lignite)
- le niveau élevé du PIB par habitant et le poids de l’industrie ont un fort impact sur la consommation d’énergie et les émissions de CO2
- la transition énergétique (Energiewende) a permis de poursuivre l’amélioration de l’efficacité énergétique et le développement rapide des nouveaux renouvelables dans la production d’électricité
- les faibles progrès dans le secteur des transports et la sortie accélérée du nucléaire ont ralenti la décarbonation
- l’Allemagne a largement respecté les engagements (forts) pris dans le cadre du Protocole de Kyoto
- les objectifs de transition pour 2030 sont fort ambitieux en particulier pour le secteur électrique (sortie du charbon et 80% de renouvelables).